La littérature jeunesse dans tous ses états…

1

Par Léa Gourvès et Anaïs Indart

En poussant la porte de la Salle des Actes du bâtiment A3 de l’Université de Poitiers ce mercredi 1er février 2017, Léa ne savait pas ce qui l’attendait. C’est vrai quoi, qu’est-ce qu’elle aurait pu s’imaginer, à cette table ronde sur la littérature jeunesse, elle qui ne s’y connaît pas dans ce genre de littérature ?

bdljeunesseUne fois la porte passée, elle fut tout de suite marquée par une atmosphère chaleureuse, papillonnante et surtout accueillante. Un brouhaha de paroles discontinu capta d’abord son attention. Puis, son regard s’arrêta sur les émetteurs de ces sons. Des gens de tout âge. Des vieux, des jeunes. Des professeurs, des étudiants. Est-ce vraiment une table ronde sur la jeunesse ? Ces mélanges d’horizons semblaient hors du commun, pour elle. Tant de monde, d’âges et d’origines différents. Toutes ces questions commencèrent à bouillir en elle.

En poussant cette même porte, Anaïs pénétra l’intimité d’une salle animée d’un intérêt commun pour trois hauts noms de la littérature jeunesse, avec sa promiscuité, sa chaleur, son écoute attentive et ses questionnements. Rehaussée de couleurs criardes et de titres interpellants, la table de la librairie la frappa tout de suite : ce qui se jouait là allait bientôt atteindre son cœur.

Car oui, c’est bien son cœur que vint toucher ces beaux livres pour enfants. Ils attirent toute sa sensibilité. D’ailleurs, cette écriture pour enfants est-elle bien seulement pour les enfants ? D’autres adultes, a priori mis sur le banc de touche par un nombre inscrit sur le papier de l’état civil, pourraient-ils y trouver leur compte ? Pourraient-ils être touchés, attendris, bousculés par cette littérature qui semble les exclure ? Il n’y a qu’à regarder autour d’elle : Anaïs se rend bien compte que c’est une écriture qui rassemble les petits comme les grands, qui parle et qui se regarde, qui interroge le monde, peut-être plus justement que les romans de « grandes personnes ».
Léa observe, touche, effleure ces objets. Interpellée par les couleurs, les formes, les matières, elle se rend compte de la richesse de ces œuvres. Personne ne l’avait prévenue, qu’elle découvrirait avec émerveillement une si grande palette de nuances dans ce vaste genre qu’est la littérature jeunesse…
2Elle se trouve bien stupide de ne pas s’être intéressée plus tôt. Elle tente de se concentrer sur un album en particulier, mais tout devient flou, toutes ces couleurs se mélangent et elle ne parvient à concentrer sur regard nulle part. Un feu d’artifice se fait entendre. Sa tête, son cœur, plus rien ne fait sens, elle ne ressent qu’un bonheur intense, une explosion de mille feux qui irradie dans son corps. Où donner de la tête ? Les livres semblent comme s’animer, prendre corps et relief, se grandir par la force expressive de leurs couvertures ; ainsi elle les voit vraiment.

3Jusqu’alors, Anaïs n’avait gardé un souvenir de la littérature jeunesse que dans un coin de sa vie, un coin tout à elle, tout enfoui et sensible. « Tu auras beau lire tous les pavés de grande littérature du monde, de Tolstoï à Céline en passant par Hugo, jamais une littérature ne te touchera comme celle-ci le fait, avec les mots les plus simples, des onomatopées, des jeux rythmiques, des images intrigantes et pimpantes. » se dit-elle. Il lui semble que cette littérature a beaucoup plus de choses à dire, à faire voir, à un premier public en éveil, à un deuxième public en quête de simplicité, d’émotion avouée, d’enfantillage assumé. Elle prend « Buffalo Belle » d’Olivier Douzou et Frédérique Bertrand, et lit non sans un sourire ému leur manière d’aborder des questions cruciales comme celles du genre et de l’identité, des faits de société, avec une poésie pudique, qui fait sens.

4Ce qui frappe Léa, au fil des échanges avec les auteurs et illustrateurs de jeunesse, c’est la portée universelle des albums dits “pour enfants”, les différents degrés d’interprétation et donc la richesse de ces œuvres pourtant enfermée dans ce carcan de “littérature jeunesse”. Ça, je n’y avais jamais pensé se dit-elle. Et pourtant, je les comprends, ces lecteurs qui se disent que ce n’est pas pour eux. Mais s’ils savaient… Il y a de tout dans ces œuvres, et pour tout le monde. Je ne connais pas une littérature plus fédératrice.

5Les échanges se poursuivent, et tout devient clair. Assises sur des fauteuils bleus, Léa et Anaïs notent, gribouillent tout ce qu’elles peuvent entendre, découvrir. Elles annotent des titres d’ouvrages, des mots marquants des auteurs. La littérature jeunesse, c’est pour tout le monde. Même pour elles. C’est certain.

 

 

 

 

Fin

6

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *