Le festival continue avec une nouvelle journée de conférences. Au programme du jour, Camille de Toledo, Arno Bertina, Nathalie Fillion, Victor Abbou et Simon Attia.
Camille De Toledo
Camille De Toledo. Artiste, vidéaste, écrivain, il est difficile de le présenter tant son oeuvre est prolifique. De la même manière, il écrit aussi bien du roman, des fables que de la poésie. Il nous présente son nouveau roman graphique Herzl, une histoire européenne, illustré par Alexander Pavlenko. La vie d’Ilia Brodsky, son exil à travers l’Europe, de la Russie à l’Angleterre, sa rencontre avec un jeune Theodor Herzl, son désir de comprendre.
La rencontre se centre sur l’Europe et sa polyphonie. Des questions essentielles sont posées: Comment faire un espace politique quand on ne parle pas la même langue ?
Camille De Toledo nous dit qu’il a toujours en lui une part de spéculation utopique et une part de déception. Avant d’emménager à Berlin, il avait un espoir que l’entité allemande ait totalement disparu, mais la reconstruction de cette entité, il l’a vécu, comme un cycle noir sans fin. Par ses écrits, Camille De Toledo veut laisser une trace de l’espoir pour l’avenir, une sorte de chemin qui donne des ressources à des lecteurs dans l’avenir.
Arno Bertina
Arno Bertina vient nous présenter son nouveau roman engagé, Des châteaux qui brûlent. Un secrétaire d’Etat séquestré par les salarié.e.s d’un abattoir placé en liquidation judiciaire. Une scène en huis clos qui change pour Arno Bertina qui a eu longtemps l’impression que ses personnages devaient être en mouvement pour que leurs mouvements intérieurs ressortent. On y retrouve tout de même une certaine agitation dans la révolte.
Dans toutes formes de révolte, l’auteur nous dit qu’il y retrouve un esprit de fête. Lorsque l’on se révolte, on veut s’émanciper des lois et donc retrouver une forme de liberté, de célébration. Arno Bertina prend exemple sur l’actualité avec les Gilets Jaunes. On peut retrouver dans les tags et slogans des manifestant.es une inventivité verbale qui s’exprime systématiquement avec humour. De même avec le phénomène des ronds points, on redécouvre une sociabilité plus vaste que celle du café. C’est d’ailleurs cet effet de célébration qui fait pression sur l’Etat, car plus la fête est expensive, plus elle est inquiétante.
Nathalie Fillion
Nathalie Fillion se décrit elle-même comme une femme de théâtre. Écrivaine, metteuse en scène, actrice. L’humour est omniprésent dans son écriture. Faire rire est quelque chose de vital pour elle.
« Quant à l’humour, il est comme le port du casque dans un chantier, obligatoire ».
À l’Ouest
Même sur des sujets très grave, Nathalie Fillion arrive à faire rire comme avec sa pièce À l’ouest qui traite de l’argent au sein d’une famille. Les personnages sont décrits avec beaucoup d’humour et les lecteur.ices se retrouvent à rire à chaque page. Nous avons d’ailleurs retrouvé Studio Monstre et le Conservatoire de Poitiers le soir même à la Maison des Trois Quartiers pour une lecture de cette oeuvre. Une représentation mise en scène par Daisy Body, pour laquelle elle a effectué quelques coupes mais qui conserve toute la profondeur des thématiques traitées par la pièce.
Le festival s’appelant Bruits de Langues, Nathalie Fillion revient sur l’importance qu’elle apporte aux bruits de la langue française. Pour elle, la musique est le plus grand des arts, elle entend la langue avant de l’écrire. De même sa formation d’actrice l’aide à apprécier la prononciation et la sensualité de la langue. C’est quelque chose qui se retrouve dans ses écrits. Elle nous confit qu’elle aimerai pouvoir écrire dans toutes les langues. Ses textes sont traduits dans différentes langues qu’elle ne maîtrise pas forcement et on peut donc se demander si son travail sur la langue se ressent également dans ces traductions.
Victor Abbou et Simon Attia
Victor Abbou témoigne dans son autobiographie Une clé sur le monde de cette période qu’on appelle L’Eveil des Sourds. En 1880, la langue des signes à été interdite. Pendant près de 100 ans elle a été oublié et n’a vécu aucune évolution. Victor Abbou lui-même n’a pas pu rentrer à l’école avant l’âge de 9 ans, il ne savait ni lire, ni écrire, ni signer. Le 21 février 1977, il est témoin de l‘installation de l’IVT (International Visual Theatre) au Château de Vincennes. Là il rencontre Alfredo Corrado (sourd américain) et Jean Gremion (entendant français). C’est la première fois que Victor Abbou voit un entendant signer, c’était quelque chose de totalement inédit. Grace à cette organisme la France va voir émerger le métier d’interprète de langues des signes, jusqu’alors inexistant, ce qui va vraiment être une avancé dans la culture sourde.
Une clé sur le monde est édité par Eyes Editions. C’est une maison d’édition qui représente bien l’ouverture sur le visuel. Pour chaque chapitre, on retrouve un QR code renvoyant à une interview de Victor Abbou pour plus d’informations.
La rencontre se poursuit lorsque Victor Abbou est rejoint par Simon Attia pour performer un extrait de leur spectacle « Frères Rivaux ». Cette pièce, plaisante et touchante, met l’accent sur un humour visuel et la richesse de la langue des signes.
On vous retrouve demain pour de nouvelles aventures.