Marie-Lou : Nos premiers questions se basent surtout sur la musique, peux-tu nous dire comment tu en es arrivée là ?
Alidé S. : Mes premiers contacts avec la musique remonte à mon enfance, ma mère est professeure de musique dans une école, elle chantait ses chansons à la maison. Ensuite, j’ai fais des études de musique mais je voyais plus ça comme un jeu, pas comme quelque chose de sérieux. J’ai écrit mes premières chansons à l’âge de quinze ans, après ça, on a fait un clip avec un groupe de hip-hop qui vient du même endroit que moi. Le clip a pas mal tourné et c’est grâce à ça que j’ai été repérée par un festival, on peut dire que c’est à ce moment-là que c’est devenu un projet plus professionnel. C’était en 2013, mon premier concert avec mes propres chansons et depuis je n’ai pas arrêté.
Marie-Lou : Tu fais de la musique toute seule ou avec un collectif?
Alidé S. : C’est toujours moi qui écrit les chansons mais depuis trois ans, je fais parti d’un duo, un guitariste m’accompagne, il joue aussi de la basse, des percussions. On a aussi un ingénieur son qui nous suit depuis deux ans.
Marie-Lou : Où trouves-tu ton inspiration pour écrire tes textes? As-tu des thèmes de prédilection?
Alidé S. : Je dis souvent que mon inspiration, c’est la vie, les expériences que je vis. Après, quand j’écris, j’essaie de sortir de moi-même pour essayer d’universaliser les choses. Après, je remarque que dans les textes que j’écris, sans que ce soit intentionnel, il y a beaucoup l’influence de la nature, la nature est très présente, la femme aussi.
Marie-Lou : Tu parles beaucoup de la femme, te décrirais-tu comme une féministe? Et l’homme, tu en fais quoi?
Alidé S. : Je découvre que je suis féministe. L’homme est présent dans mes chansons mais la femme a une présence intéressante. J’ai une chanson qui parle de la séparation d’un couple, c’est plutôt humoristique. Au début, la fille est triste parce qu’il est parti sans rien dire, elle trouve des chemises à lui dans sa maison et elle pleure, elle pleure tout le temps. Finalement, elle trouve une bouteille d’alcool, elle commence à boire et c’est une tragédie, mais ensuite elle réfléchit et le remercie d’être parti puisque maintenant, même si elle est seule, elle peut être entière, dans le sens où on dit souvent qu’on est la moitié de quelqu’un quand on est dans une relation amoureuse.
Lou : Au début tu chantais en espagnol, puis tu es revenue à ta langue « maternelle », est-ce que tu chantes encore en espagnol parfois?
Alidé S. : Quand j’ai commencé à écrire, je le faisais en espagnol, je n’ai jamais parlé espagnol avec ma famille, mais mon entourage, les gens qui faisaient de la musique le faisaient en espagnol. Mais quand j’ai commencé à faire des concerts, j’ai ressenti un conflit intérieur, je voyais qu’il y avait du monde qui commençait à m’écouter et que je nourrissais une langue qui n’était pas la mienne et qui, en quelque sorte, prenait la place de celle à laquelle je m’identifiais le plus. J’en ai conclu que je ne pouvais pas continuer comme ça. J’ai découvert que c’était plus naturel et plus sincère pour moi d’écrire et de m’exprimer dans cette langue, ça ne venait pas d’une « pression » de mon entourage.