
Il avait toujours eu avec les livres un rapport intime et presque amoureux, très possessif en tout cas, ne les prêtant qu’avec mauvaise grâce, et supportant mal de ne pas avoir chez lui un livre qu’il aimait – ce qui l’avait quelquefois conduit à omettre volontairement d’en rendre certains.
Christian Garcin, Le Vol du pigeon voyageur, 2002
Biographie
Christian Garcin rappelle volontiers ce que fut la vocation de ses ancêtres pour esquisser son imaginaire littéraire : bergers de Haute-Provence d’un côté, navigateurs marseillais de l’autre. C’est en explorateur au long cours qu’il conduit son œuvre, témoignant d’une prédilection pour les antipodes et les confins des terres habitées. Il pratique l’immersion en solitaire dans les mondes énigmatiques de l’Orient, sans renier sa fascination adolescente pour la culture américaine ou pour le moment Renaissance, en Occident. On suit avec lui des hommes et des femmes dont la trace, volontairement ou non, a tendu à s’effacer ou à se dissoudre jusqu’à la limite de l’anonymat.
Son écriture s’est développée en archipel, se coulant dans des formes nombreuses, tissant d’un livre à l’autre des jeux d’enchâssements, des séries d’échos et de correspondances secrètes, fécondes en aperçus pris en plongée ou en contre-plongée, en contrastes d’ombres et de lumières. Elle capte, par notations vives et sensibles, parfois saisissantes, des impensés du monde contemporain et pénètre dans certains de ses angles morts. Son allure légère et méditative témoigne d’une intelligence aux aguets, entre goût du retrait et soif de la découverte, entre imagination érudite et expérience de la rencontre.
Bibliographie
- Le Bon, la Brute et le Renard, Actes Sud, 2020
- Des femmes disparaissent, Points, 2011
- Les oiseaux morts de l’Amérique, Actes Sud, 2018
- Les nuits de Vladivostock, Stock, 2013