Kathrin Röggla

Kathrin Röggla

J‘ai connu au sujet des catastrophes des interlocuteurs qui réfléchissent comment on s’en débarrasse, comment on les gère ou empêche, lui par contre, il réfléchit aussi sur comment les déclencher. C’est un procédé assez proche de la littérature parce celle-ci nécessite de penser par scénarios, par espaces de possibilités, en se mettant à la place des divers agents de catastrophes, avec un penchant pour l’inversion des problématiques, disons, la littérature veut les comprendre par leur revers, les inverser. Et c’est peut-être pourquoi j’ai en lui un des mes interlocuteurs les plus intéressants. 

[I]m Unterschied zu anderen Katastrophengesprächspartnern, die darüber nachdenken, wie man Katastrophen wieder loswird, wie man sie abarbeitet oder wie man sie verhindert, denkt er zusätzlich darüber nach, wie man sie produziert. Ein durchaus dem Literarischen verwandter Vorgang, weil es das Denken in Szenarien und in Möglichkeitsräumen erfordert, Einfühlung in die unterschiedlichsten Katastrophenakteure und eine Neigung zur Inversion von Problemstellungen, das heißt, diese von einer anderen Seite her zu begreifen, sie umzudrehen. Und vielleicht erscheint er mir gerade deswegen von meinen Gesprächspartnern der Interessanteste.

Kathrin Röggla, « Über das Anlegen von Katastrophenquellen » (Comment se documenter au sujet des catastrophes).

Biographie

Kathrin Röggla, écrivaine, née à Salzbourg en Autriche, a longtemps vécu à Berlin avant d’occuper la chaire pour écriture littéraire à la KHM (Académie des arts et des médias) de Cologne depuis 2020. C’est l’immersion dans le Berlin juste après la réunification avec son champ immense de possibilités à 100 à l’heure, qui a inspiré et donné le rythme vertigineux à ses romans comme irres wetter (climat dingue, 2000), wir schlafen nicht (nous ne dormons pas, 2004) et die alarmbereiten (sur le qui vive, 2010). Leurs montages, le sujet polyphonique (on ne sait jamais très bien qui parle) et les collages rappellent ce qui a été nommé cut-up par Bryon Gysin et tentent de saisir autrement ce que nous appelons le monde contemporain. L’écriture en lettres minuscules généralisée, contraire à la grammaire allemande, mais déjà utilisée par des écrivains de l’entre-deux guerre, lui sert à adopter une perspective au ras des choses, à toucher leur surface, tout en créant un tourbillon qui nous entraine dans une accélération que nous aimerions freiner. Ses essais semblent livrer une théorie de lecture de son travail romanesque, théâtral et artistique. Or cette théorie est elle-même envahie par ses procédés d’écritures, qui rend difficile de faire la part des choses, mais transforme en aventure constante la lecture de ces livres : besser wäre: keine – essays und theater (il vaudrait mieux : aucun(·e·s) essais et théâtre).
Ou à l’écoute de ses pièces radiophoniques par exemple : voici Publikumsberatung (conseils au plublic, 2011), un clin d’oeil à L‘outrage au public (Publikumsbeschimpfung, 1966) de Peter Handke – dans sa version de catastrophe, interprété ou remixé par Leopold von Verschuer :

Bibliographie sélective