Marina Skalova

Comme langue d’écriture, Marina Skalova adopte le français, mais cela n’empêche pas que ses textes soient infiltrés par sa langue maternelle, le russe, et par son autre langue seconde, l’allemand. « La langue est-elle le sarcophage de toutes ces expériences restées muettes ? » Ce propos pourrait être inspiré de l’allemand, qui distingue l’organe (Zunge) de la parole (Sprache) tandis que le français et le russe les confondent.
Marina Skalova est aussi traductrice, du russe et de l’allemand vers le français, surtout pour des écrivaines. Elle habite ses trois langues comme des maisons dont les portes sont ouvertes. Sarcophage, monument et prison, c’est l’ordre des hommes qui s’exprime aussi dans les langues, et qu’il faudra destituer, démonter pour en construire autre chose, c’est ce que font certaines femmes à la poésie. Marina Skalova en fait partie.

« C’est depuis la honte, depuis la honte qui fait avaler non pas la langue mais la voix, ce par quoi la langue devient corps, depuis cette absence de la voix dans la langue, de la langue dans la voix, que la langue de ce texte peut venir au-dehors »

Bibliographie
Lettres aux jeunes poétesses, L’Arche, 2021
Silences d’exil, D’en Bas, 2020
La chute des comètes et des cosmonautes, L’Arche, 2019
Exploration du flux, Seuil, 2018